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Les orthèses plantaires : OUI, NON , PEUT-ÊTRE…

Jean-Christophe Gay

Depuis plusieurs années, dans le cadre de la pratique de Jean-Christophe Gay à la clinique Spinal Mouvement, il met à profit sa double formation d’ostéopathe D.O (Qc) et de podologue D.E (FR) pour aiguiller ses patients sur leurs besoins posturaux. Chaque jour, l’utilisation d’une plate-forme de pressions plantaires et d’analyse des centres de gravité (exemples ci-dessous) lui permet de constater qu’une bonne stabilité du corps ne rime pas toujours avec le contrôle biomécanique du pied.


Les douleurs plantaires et musculo-squelettiques sont chose commune. Plusieurs personnes se demandent si le port d’orthèses peut diminuer leurs symptômes. Il est connu que les pressions plantaires par répercussion des chocs sur le squelette peuvent engendrer de l’arthrose et des douleurs articulaires (Perttunen,2002). Afin de prévenir les pathologies, il est nécessaire de modifier l’appui plantaire du pied soit de manière palliative avec orthèses et/ou de manière curative par réadaptation fonctionnelle de l’individu.


Même si les règles de biomécanique s’appliquent dans tous les cas de figure, il est impossible de s’assurer d’une optimisation de la posture simplement en utilisant une orthèse qui va réguler la biomécanique du pied. Les points de pressions exercés sur la peau plantaire sont autant d’informations à traiter par le système nerveux central. Ces informations induisent des réactions biomécaniques qui peuvent, dans certains cas, être contre-productives aux traitements envisagés. Il devient donc difficile d’avoir seulement une vision montante des problématiques biomécaniques.

Une approche globale nous offre un regard différent sur les solutions à apporter et laisse une place importante au système d’autorégulation du corps. Nous pouvons ainsi envisager les problématiques plantaires comme des conséquences de dysfonctions plus hautes que la cheville (ex : genoux, hanches, vertèbres, viscères… ). Dès lors, le pied est perçu comme un super adaptateur du système.

  • Aurait-il besoin d’aide?

  • Doit-on le contrôler mécaniquement au risque de nuire à sa capacité d’ajustement?

  • Avons-nous avantage à le stimuler?

  • Avons-nous besoin d’orthèses?

  • Doivent-elles être rigides ou souples?

  • Combien de temps doit-on les porter?

Beaucoup de questions auxquelles nous n’avons pas systématiquement de réponses précises. Certaines études ont montré l’utilité des informations plantaires pour détecter les limites de la stabilité (Mauritz & Dietz, 1980). D’autres ont  mis en évidence l’existence d’un mécanisme de protection qui favorise une redistribution des pressions vers les zones présentant une meilleure sensibilité (Chen et al., 1995; Nurse & Nigg, 1999). Le système nerveux central est capable de synthétiser ces informations et  d’en extraire un indice de position corporelle (Kavounoudias, 1999a). Les informations proprioceptives musculaires issues des segments corporels supérieurs ont essentiellement une fonction d’orientation du corps dans l’espace, tandis que les informations plantaires, tout comme les informations proprioceptives musculaires provenant des segments inférieurs, ont principalement une fonction de régulation posturale destinée à préserver la position verticale du corps et son équilibre (Kavounoudias et al., 2001).


Dans le cadre d’une étude menée par Isableu et Vuillerme (2006) sur la stabilité posturale, il a été montré que le cadre référentiel utilisé n’est pas le même pour tous.


  • Certains se basent préférentiellement sur les caractéristiques du support et par conséquent sur le référentiel proprioceptif au niveau des chevilles et/ou tactile.

  • ·’autres favorisent plutôt les afférences provenant des étages supérieurs de l’ensemble de la chaîne proprioceptive (musculaire, articulaire, tendineuse et vestibulaire).

Afin de s’approcher des besoins spécifiques de l’organisme et par conséquent de son mieux-être, il est évident que le cas par cas est de mise et qu’une approche globale du corps est nécessaire.



Références :

Chen, H., Nigg, B.M., Hulliger, M. & De Koning, J. (1995). Influence of sensory input on plantar pressure distribution. Clin Biomech (Bristol, Avon), 10(5), 271-274.


Isableu, B. & Vuillerme, N. (2006). Differential integration of kinaesthetic signals to postural control. Exp Brain Res, 174(4), 763-768.


Kavounoudias, A. (1999a). Contrôle multimodal de la posture humaine: rôle des afférences proprioceptives musculaires et tactiles plantaires (Thèse). Université de Provence -Aix-Marseille I.


Kavounoudias, A., Roll, R. & Roll, J.P. (2001). Foot sole and ankle muscle inputs contribute jointly to human erect posture regulation. J.Physiol, 532(3), 869-878.


Mauritz, K.H. & Dietz, V. (1980). Characteristics of postural instability induced by ischemic blocking of leg afferents. Exp Brain Res, 38(1), 117-119.


Nurse, M.A. & Nigg, B.M. (1999). Quantifying a relationship between tactile and vibration sensitivity of the human foot with plantar pressure distributions during gait. Clin Biomech (Bristol, Avon), 14(9), 667-672.


Pertunnen J., ‘’Foot loading in normal and pathological walking’’,Ph D ,Thesis, University of Jyvaskyla, Finland 2002

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